Les trésors du Musée de La Poste - Paris

Le trésor philatélique du mois d'octobre 2002

En partenariat avec l’Association pour le développement de la philatélie (ADP), le Musée de La Poste présente chaque mois sur son site web, rubrique actualités et le site de l’ADP, la pièce philatélique du mois. Ce trésor philatélique est présenté réellement pendant tout le mois d'octobre 2002 dans la salle 11 du Musée, cabinet des Trésors.

N°2, octobre 2002:Projet de timbre-poste Sarah Bernhardt, 1944:

Pièce exposée du 1er au 30 octobre au Musée de La Poste, salle 11, cabinet des Trésors

Contexte historique :

C’est à l’occasion du centenaire de la naissance de Henriette Rosine Bernard, dite Sarah Bernhardt (Paris, 1844 – id. 1923), célèbre comédienne française, que Jean Guignebert, directeur de la Radiodiffusion nationale, sollicite l’émission d’un timbre, le 27 octobre 1944. La radio française préparait, en effet, pour le 28 novembre un « gala Sarah Bernhardt ». De son coté, le président de l’Association des artistes dramatiques, René Alexandre, demande que le timbre soit surtaxé au profit de la maison de retraite du Grand Coq, à Pont-aux-Dames, dirigée par la Fondation Constant Coquelin.

A cette occasion, plusieurs projets de dessinateurs tels que Paul-Pierre Lemagny et Raoul Serres sont examinés et finalement l’Administration des PTT retient le dessin de Pierre Gandon (1899-1990), réalisé d’après un tableau de Bastien Lepage (Musée Fabre, Montpellier). Le timbre-poste, bien que gravé par Gandon, porte la signature de Charles Mazelin (1882-1964). En effet, le dessinateur, à qui l’on reproche d’avoir gravé, en 1942, le triptyque Légion tricolore, est privé de commandes de l’Administration pendant trois mois. Il fut donc impossible de faire paraître ce timbre tel qu’il fut gravé. Le dessinateur Mazelin accepte ainsi de mettre sa signature à la place de celle de Gandon.

Intérêt de la pièce :

Sarah Bernhardt fut la plus célèbre comédienne française de la fin du XIXème siècle et du début du XXème siècle. Douée d’un talent exceptionnel de tragédienne et d’une voix remarquable, elle fut l’un des « monstres sacrés » du théâtre mondial. Vedette de la Comédie-Française, Sarah Bernhardt forma sa propre compagnie théâtrale et partit en tournée en Angleterre et aux Etats-Unis.

© Musée de La Poste de Paris
© Musée de La Poste - Paris
Collection Musée de La Poste, Paris
(inv. 7660)
(Réf:n° 738 Yvert)

Collection Musée de La Poste, Paris (inv D1969.1.456)

Elle interpréta des rôles aussi bien tragiques (Phèdre, Athalie) que des personnages romantiques (Hernani, Lorenzaccio). Sa gloire fut immense et le public l’idolâtrait. Les artistes réputés tels que Alphonse Mucha ou Nadar l’ont portraituré de nombreuses fois. Il a fallu également une effigie à sa mémoire sous forme de timbre-poste…

Considérée souvent comme féministe, ce fut la première femme ayant véritablement joué sur scène des rôles d’hommes et c’est aussi la première femme qui fut immortalisée sur un timbre.

Ce projet refusé du dessinateur Raoul Serres diffère largement du timbre. Il montre l’actrice de profil, tête légèrement relevée, ce qui procure au personnage un aspect fier et distant. Elle est vêtue d’un costume noir, à col montant et semble interpréter un rôle:son visage est froid, son regard lointain. Le timbre, figure l’actrice également de profil, mais cette fois, tête baissée et yeux fermés. Son costume est blanc et aspire à une plus grande familiarité, bien que la femme semble encore une fois inaccessible de part son regard intériorisé.

Peintre, graveur et illustrateur, Raoul Serres fut pensionnaire de l’Académie de France à Rome, Premier Grand Prix de gravure (1906), plusieurs fois lauréat de l’Institut, médaille d’honneur et hors concours au Salon des Artistes français ainsi qu’officier de la Légion d’honneur et du Mérite postal. Il fut auteur de nombreux timbres dont le Général Leclerc (1948), Choiseul (1949) ou encore Libération (1954).


Bibliographie

- Le Patrimoine du timbre-poste français, Flohic, 1998, p. 341

Tous les ouvrages et périodiques sont consultables à la bibliothèque du Musée de La Poste.

Remerciements à Monika Nowacka


En complément de ce document vous pouvez admirer deux épreuves d'artiste concernant Sarah Bernhardt adressées par Jean-François Brun de l'Académie de Philatélie.
La 1ère est une gravure est de Gandon, mais après la guerre de 39-45, comme il avait travaillé pour Vichy on lui a interdit de graver des timbres. En définitive, c'est Mazelin qui a signé l'épreuve.
Il y a donc deux signatures, celles au crayon et celles dans le timbres, pour une même gravure.